Préface

Edgard s’avança dans le parc, le buffet s’étalait devant ses yeux, d’innombrables boissons fraîches devenaient comme un oasis pour sa gorge sèche après cette journée effrénée. Il se remémora le voyage de la veille, le débarquement tardif à l’hôtel, ce réveil pénible, douloureux, l’arrivée précipitée devant la maison familiale de son ami. Il ne s’était pas douté un instant qu’être témoin de mariage pouvait être un cadeau empoisonné… Aucune échappatoire ne lui était permis…

Il se devait d’assister entièrement aux cérémonies… bien sur celle de l‘église mais aussi celle de la mairie …

“Nous saurions que trop vous conseiller de les confier à un témoin pour vous libérer l’esprit sur cet aspect” – avait dit le bijoutier … avant de rajouter : “Plus vous déléguerez certaines tâches à vos proches, plus vous serez détendu et zen” et bien sûr c’est sur lui qu’incombait cette tâche; juste lui, d’ordinaire si distrait…

Il se remémora de l’horreur absolu, de l’effroi, de cette pure panique dans l’enceinte de l’église lorsqu’il se souvint des alliances, le réflexe lui fit tourner subitement la tête sur sa droite, d’un léger regard sa douce et tendre lui fit comprendre que tout allait bien…

Cela était derrière lui maintenant, tout en marchant il observait la scène qui se présentait à lui, le monde se mélangeait au gré des visages, des sourires, des rires, une douceur de vivre s’emparait de lui et il sentait la pression l’abandonner. Le temps paraissait délicieusement suspendu.

La subtilité d’une ligne mélodique bien connue lui vint aux oreilles, mon dieu qu’il aimait le jazz, son ami avait pensé à tout. L’orchestre de Jazz jouait un de ses thèmes préférés et tandis qu’il s’approchait du champagne il ne pouvait s’empêcher d’écouter la douceur de ce son. Un verre à la main, un petit four dans l’autre, ses lèvres se posèrent sur le cou de son épouse. Tandis que la musique ni trop forte, ni trop discrète emporta pour de bon ses derniers sentiments de fatigue.

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Jean-François Merlin